Bruges Audition | Après avoir perdu l’audition, réentendre me donne la sensation d’avoir des super-pouvoirs
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Après avoir perdu l’audition, réentendre me donne la sensation d’avoir des super-pouvoirs

Après avoir perdu l’audition, réentendre me donne la sensation d’avoir des super-pouvoirs

En 2017, à 33 ans et après 10 années d’une audition basse mais stable, seul l’implant cochléaire pouvait rétablir partiellement mon audition en stimulant directement la cochlée (oreille interne) qui ne fonctionne plus.

27/07/2018 07:00 CEST @huffpost Article de Solène Nicolas Chargée de communication et auteure du blog Autre Oreille

Avant, j’entendais bien! Jusqu’au jour où…

Enregistrements audio quasi inaudibles en cours d’anglais, colocataire hilare devant un film dont je ne perçois pas les dialogues… quelques signaux d’alerte ont pointillé les premiers mois de ma vie étudiante. À 18 ans, 3 mois et 17 jours, nouvelle déconcertante: je suis atteinte d’une surdité de perception. La seule solution? Des appareils auditifs. Les années suivantes, cette chute d’audition se poursuit à un rythme vertigineux. Des informations sonores disparaissent régulièrement de mon quotidien. Bientôt, pratiquement aucun son ne m’est accessible sans appareils auditifs. Je m’accroche à ma vie sociale avec une énergie insoupçonnée. Grâce à la complicité de mes proches, les renoncements se font rares. Au fil des années, je lâche prise sur l’obsession de tout comprendre, m’initie à quelques rudiments de langue des signes et finis par apprivoiser mon « presque silence ».

Les derniers jours du reste de mon audition

En 2017, à 33 ans et après 10 années d’une audition basse mais stable, les quelques décibels restants s’échappent progressivement et cette fois, les échanges deviennent inaccessibles. Amplifié, le bruit m’agresse tandis que la clarté des sons me manque. Les efforts pour comprendre, la concentration d’un déchiffrage permanent deviennent éreintants. « Vous arrivez au bout de ce que peuvent compenser des appareils auditifs », m’informe le médecin ORL à la lecture mon audiogramme. Mon audition est trop dégradée. Amplifier davantage le son ne permet plus de le comprendre mieux. En dernier recours, l’implant cochléaire pourrait rétablir partiellement mon audition en stimulant directement la cochlée (oreille interne) qui ne fonctionne plus. Il associe deux éléments: une partie interne, mise en place lors d’une intervention chirurgicale minutieuse, communique par aimantation avec une partie externe qui capte et traite le son. Après un premier rendez-vous au centre d’implantation, j’enchaîne les examens médicaux: audiogramme, test des vertiges, IRM, scanner… l’opération est confirmée pour fin mars.

Première grande étape: l’opération

Arrivée dès potron-minet à l’unité de chirurgie ambulatoire de l’hôpital, je suis accompagnée au bloc opératoire pour la pose de la partie interne de mon implant cochléaire. Dans les minutes qui précèdent l’endormissement, l’inquiétude me rattrape à l’idée des changements physiologiques qui m’attendent: un petit corps étranger bientôt logé dans ma tête et la disparition, au passage, des restes auditifs de mon oreille droite. Le décor très peu familier de la salle d’opération est aussi là pour me rappeler que ça n’est pas rien! Quelques heures plus tard en salle de réveil… on me tapote vigoureusement les joues jusqu’à ce que je réussisse à garder les yeux ouverts. Je peux alors lire sur les lèvres de la médecin anesthésiste que « tout s’est bien passé ».

Un petit mois dans le silence

Après des premiers jours déroutants, je m’habitue aux sensations inédites: du son d’un seul côté, de l’air dans mon oreille droite (plus d’appareil auditif!), le relief de l’aimant sous mes cheveux. Les acouphènes, très forts au début, diminuent progressivement. Je n’entendais déjà plus sans appareils auditifs mais l’impression de surdité, la nuit notamment, se situe à un niveau encore différent, plus profond. Cette bulle de silence va durer quatre semaines, le temps que l’oreille cicatrise, avant l’étape de « l’activation ».

Waaaa, du son!

Retour au centre d’implantation. Un petit thème sonore, le même à différentes fréquences et volumes, apparaît progressivement. Cette première étape permet de régler le processeur, élément externe de l’implant cochléaire, pour chacune des 22 électrodes placées dans ma cochlée. L’implant est ensuite allumé… La médecin me parle et – ouh là là – ses mots me parviennent d’une voix lointaine et robotique. Décalage perturbant entre le son et l’image mais résultat magique: je comprends d’emblée presque tout ce qu’elle me dit! Elle me recommande de « laisser mon cerveau prendre le dessus », en faisant abstraction de l’étrangeté du son pour me focaliser sur son sens. Je passe ensuite du temps avec l’orthophoniste qui me fait écouter des bruits: les touches du clavier de son ordinateur, du papier froissé, ses pas sur le sol, un robinet ouvert… Puis elle énonce des listes de mots dans le désordre, la bouche masquée pour que je ne puisse pas lire sur ses lèvres. Je répète presque tout sans difficulté. Ces résultats sont a priori très encourageants et rapides. Ouiii…

Une semaine inouïe

Je (re)découvre que tout fait du bruit! Au départ, les voix sont très semblables les unes aux autres et les bruits se mélangent en une palette aiguë de tintements, clapotements, grésillements… Certains ressemblent à des gouttes de pluie qui tombent sur de la taule pendant un orage, d’autres à une vieille radio qui crépite ou aux effets sonores de jeux vidéos. Avec tout ce que j’entends, j’ai l’impression d’avoir des super pouvoirs. Si, si! En seulement quelques jours, ces débuts en fanfare me font renouer avec tout un univers oublié et viennent bouleverser un quotidien depuis longtemps beaucoup plus feutré. Je commence la rééducation avec les dictées transcrites en ligne, conseillées par l’orthophoniste. Comprenant presque tout, je me lance rapidement dans l’écoute de quelques podcasts sur mon téléphone (qui se connecte en bluetooth à l’implant). Là encore, dans ces sonorités extraterrestres, je saisis les paroles! Je n’avais pas écouté la radio depuis plusieurs années… Au fil des jours, les voix se précisent, teintées de nouvelles intonations, d’une plus grande fluidité jusqu’à se rapprocher un peu de celles que je percevais avec des appareils auditifs.

Work in progress…

Deux mois après ces débuts spectaculaires, le son se précise et s’affine plus lentement. « On peaufine, on fignole », m’explique l’orthophoniste, voix de la sagesse face à mon impatience. Je peux désormais participer à des conversations à quatre ou cinq dans un environnement silencieux, distinguer le tic-tac de l’horloge murale dans la cuisine du bureau, les croquettes qui craquent sous les crocs du chat, la sonnette de ma porte d’entrée, quelques mots des annonces sonores dans le train, l’eau aspirée dans la cafetière, de nombreux chants d’oiseaux, une partie des explications du serveur de la terrasse d’en face (ce qui préserve encore le suspense quant au résultat de ma commande, sinon c’est moins drôle!). En revanche, je n’entends toujours pas assez le moteur d’une voiture pour savoir quand changer de vitesse. Heureusement, il y a le compte-tours. L’usage du téléphone reste fastidieux: beaucoup de concentration pour un résultat mitigé et des informations manquées.

Aujourd’hui, c’est clairement l’oreille implantée qui me permet de comprendre la parole. L’oreille appareillée la « complète » en apportant aux voix des sonorités plus naturelles, plus nuancées. Il reste une marge de progrès: la rééducation prend de nombreux mois. Je continuerai donc de relater les exploits de ma nouvelle petite oreille sur mon blog.

Pour aller plus loin, vous pouvez suivre Solène sur son blog Autre Oreille, Autres Sons.

Article de Solène Nicolas Chargée de communication et auteure du blog Autre Oreille

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